« D’Argent et de Sang » est une série de Xavier Giannoli, disponible sur Canal+ et basée sur l’incroyable scandale de la fraude à la taxe carbone. Une véritable arnaque ayant eu lieu dans les années 2000 et qui aurait couté 1,5 milliards d’euros à l’État français.
Un thriller captivant du début à la fin
D’argent et de sang retrace l’enquête menée par Simon Weynachter (Vincent Lindon), un fonctionnaire des douanes judiciaires, sur une fraude à la TVA d’une ampleur sans précédent. Ce dernier découvre qu’une bande de criminels de Belleville, aidé par un jeune trader, ont monté une arnaque sophistiquée, transformant les quotas de carbone en millions d’euros détournés. La série s’étend sur douze épisodes nous plongeant à la fois dans les coulisses des services d’enquête et dans le monde extravagant des escrocs, où fêtes somptueuses et excès en tout genre sont monnaie courante.
La tension monte graduellement tout au long des épisodes, la série alternant entre des moments d’investigation rigoureuse et des scènes où le luxe et la démesure des malfrats sont magnifiés. Xavier Giannoli, avec son sens du détail et de la mise en scène, nous propose un récit haletant où chaque épisode nous rapproche un peu plus du dénouement final, sans jamais relâcher la pression.
Un casting cinq étoiles
Le casting de la série est impressionnant et joue un rôle clé dans son succès. Vincent Lindon, dans le rôle du tenace Simon Weynachter, est parfait en enquêteur impitoyable, obsédé par la vérité et la justice. Son jeu est tout en nuances, et il incarne avec brio un personnage hanté par les échecs du système qu’il défend.
En face de lui, Ramzy Bedia surprend dans le rôle d’Alain Fitoussi, un escroc aussi charismatique que dangereux. Il parvient à insuffler à son personnage une vraie profondeur inattendue, entre arrogance et fragilité. Niels Schneider, qui incarne Jérôme Attias, un trader machiavélique, est tout aussi convaincant dans son rôle de marionnettiste de l’ombre. Ces acteurs, accompagnés par une brochette de talents tels que Judith Chemla et Yvan Attal, donnent à la série une dimension cinématographique.
Vincent Lindon (Simon Weynachter) | Niels Schneider (Jérôme Attias) |
Ramzy Bedia (Fitouss) | David Ayala (Bouli) |
Un récit riche et actuel
D’argent et de sang ne se contente pas de raconter une simple histoire de fraude. À travers cette arnaque, Xavier Giannoli dresse un portrait sombre et acéré de notre époque, où l’argent et la soif de pouvoir en sont le moteur. La série excelle dans sa manière de traiter des thématiques sociétales actuelles : l’avidité, la corruption, et les failles d’un système politique et financier. En plus d’être une critique de l’ultra capitalisme elle n’hésite pas à remettre en cause le comportement de nos politiques qui ont préféré laisser des escrocs s’enrichir plutôt que d’avouer l’échec d’un système dont ils venaient de venter les mérites. Ces réflexions sont habilement intégrées dans un récit enlevé, où chaque retournement de situation nous rappelle à quel point la réalité peut parfois dépasser la fiction. Même si forcément l’histoire est romancée, tous les faits sont réels alors qu’ils sont à peine croyables.
Une réalisation impeccable
Visuellement, D’argent et de sang est une véritable réussite. La mise en scène est soignée, alternant entre les décors austères des services judiciaires et les environnements clinquants des malfrats. La série illustre de manière brillante le contraste entre deux mondes : celui de l’ordre, représenté par les bureaux gris et froids de Weynachter, et celui du chaos, avec les soirées luxueuses, les jets privés, et les excès des escrocs.
La bande originale, composée par Rone, sublime l’ensemble avec des morceaux électrisants qui viennent accentuer les moments de tension et de drame.